%0 Generic %D 2011 %T Les hommes ont une meilleure représentation de l’espace que les femmes : réalité ou stéréotype ? Études expérimentales %A Doriane Gras %A Gyselinck, V. %A Dutriaux, L. %X

 Construire un modèle spatial de l’espace qui nous environne repose sur de nombreuses capacités, parmi lesquelles les habiletés spatiales – pour lesquelles il existe de grandes différences individuelles − semblent les plus évidentes. Ces habiletés incluent la rotation mentale, la capacité à manipuler des perspectives spatiales, la mémoire des positions, le sens de l’orientation (Fields & Shelton, 2006). Quand la source d’information est verbale, comme dans le cas de descriptions d’itinéraires, les capacités verbales sont également impliquées et la capacité de la mémoire de travail – verbale comme visuo-spatiale – joue un rôle important (e.g. Gyselinck et al., 2009). La littérature psychométrique sur les différences dues au sexe montre que les hommes tendent à avoir de meilleures performances que les femmes dans certains tests d’habileté spatiale, particulièrement ceux basés sur des tâches de rotation mentale (Lawton, 1994; Hegarty, et al., 2006) et généralement dans toutes les tâches liées à l’encodage des structures métriques des relations spatiales (Iachini, et al., 2005). Les femmes semblent elles meilleures que les hommes à des tests d’arrangement d’objets, ou impliquant la mémorisation et le rappel de points de repères (Levy, Astur & Frick, 2005). Les données sont beaucoup moins claires lorsque les environnements concernés sont plus écologiques et à plus grande échelle. Certaines études impliquant des environnements spatiaux de taille de type pièce ou au-delà ont échoué à trouver des différences liées au genre dans la reconnaissance de scènes, le jugement de directions relatives, ou la capacité à estimer des distances (Shelton & McNamara, 2004 ; Peruch, et al., 2006). Ainsi il apparaît clairement que la phrase “les hommes ont une meilleure représentation de l’espace que les femmes” est à nuancer selon le type d’activité considérée. Ces stéréotypes sont de plus susceptibles d’influencer les processus cognitifs mis en jeu dans la construction d’un modèle spatial.

Dans une série d’expériences, de jeunes adultes de sexe féminin et masculin ont été confrontés à des descriptions verbales d’environnements spatiaux, soit de la taille d’une pièce, soit d’un quartier d’une ville, et ils ont dû réaliser une série de tâches destinées à tester leur mémoire des éléments de l’environnement, de leur localisation et des relations spatiales entre les éléments. Leur capacité de rotation mentale et de mémoire de travail a été évaluée. Les performances ont été mises en relation avec une estimation de la force du stéréotype sur les capacités d’orientation et de représentation de l’espace réalisée en fin d’expérience à l’aide d’un questionnaire. On s’attend à ce que les différences de performances entre hommes et femmes ne se manifestent que sur certaines tâches, conformément aux données de la littérature, et qu’elles dépendent alors de la force de leur stéréotype.