Soutenance de thèse de Ingrid Konrad

Lundi 22 Juillet 2019, 09:00
Organisation: 
Ingrid Konrad (LLF)
Lieu: 

LLF – Bât. ODG – 5e étage – Salle du conseil (533)

Ingrid Konrad (LLF)
Quand la nominalisation envahit la subordination : Étude sur "ce que" dans les propositions subordonnées en français, selon une approche comparative, diachronique et expérimentale

Cette thèse porte sur la syntaxe des propositions subordonnées impliquant 'ce’ en français, à savoir certaines complétives, certaines relatives et certaines interrogatives indirectes. Il semblerait que la nominalisation ait envahi la subordination en français et je m’interroge sur le statut et le rôle de l’élément nominal (D) 'ce’ dans ces différentes constructions.

Une grande partie de cette thèse se focalise sur l’ambiguïté atypique entre relatives à tête allégée (Citko, 2004) et interrogatives indirectes introduites par 'ce qui/ce que’. A partir d’une étude diachronique du 11ème au 17ème siècles, de tests de répétition de phrases avec des enfants français âgés entre 3 et 6 ans, d’une comparaison avec le portugais à la fois sur le plan syntaxique et sur le plan de l’acquisition, et d’une expérience de lecture par présentation auto-segmentée avec des adultes francophones, j'exclus l’hypothèse d’une incorporation de 'ce’ à 'que’ donnant lieu à un nouveau mot wh- /səkə/.

Le comportement syntaxique atypique, en synchronie, des interrogatives indirectes introduites par 'ce qu-‘ me conduit à les analyser comme des DPs. Je propose qu’il s’agit en réalité de questions déguisées en relatives. Cette proposition m’amène à réfléchir à deux problèmes : le problème de la sélection et le problème de l’interprétation. En m’appuyant sur l’analyse des complétives en P+ce+que par Zaring, 1992 ainsi que plusieurs données dans d’autres langues, je mets en évidence l’existence de CPs nominalisés et j’affirme que la distinction syntaxique entre DP et CP n’est pas catégorique. Quant à la question de comment une relative avec 'ce’ comme tête peut être interprétée comme une question, je postule que 'ce’ est explétif, donc dénué de référentialité, tout comme dans les complétives. Les deux structures relatives (vraies relatives et questions déguisées en relatives) sont dérivées par appariement impliquant un opérateur nul. Mais la relation de prédication entre l’opérateur et la tête 'ce’ ne se concrétise que dans les vraies relatives, où 'ce’ est référentiel.

Ainsi, les propositions subordonnées impliquant 'ce que’ en français ont toutes une structure DP+CP. Toutefois, l’élément D 'ce’ n’est référentiel et interprétable sur le plan sémantique que dans les relatives à tête allégée.

Jury

  •     Anne Abeillé, professeure (LLF, Université Paris-Diderot)
  •     Adriana Belletti, professeure (Université de Genève et Università di Siena)
  •     Carlo Cecchetto (rapporteur), directeur de recherches (SFL, Université Paris 8)
  •     Caterina Donati (directrice), professeure (LLF, Université Paris-Diderot)
  •     Nino Grillo, lecturer (University of York)
  •     Barbara Hemforth, directrice de recherches (LLF, Université Paris-Diderot)
  •     Maria Lobo (rapporteure), professora associada (Universidade NOVA, Lisbonne)