LingLunch : Grigory Agabalian

Jeudi 01 Octobre 2020, 12:00 to 13:00
Organisation: 
Philip Miller

Grigory Agabalian (U Paris, PhiléPol)
Loin des “ismes” meurtriers » : emploi référentiel et mauvaise réputation du suffixe -isme

Lorsqu’un suffixe est employé dans un discours sous une forme détachée detout radical, en principe cet emploi ne peut pas ne pas êtremétalinguistique, que ce soit pour désigner le suffixe lui-mêmecomme unité (lesuffixe-ismevient du grec)ou pour décrire les unités qu’il sert à construire (lesmots en -isme).Mais comment interpréter l’emploi du suffixe -ismedans un discours comme : « Tripolil'oubliée. Tripoli, la mal-aimée. Tripoli, la sacrifiée surl'autel de tous les “ismes” : communautarisme, clientélisme,islamisme »(Le Figaro) où,de toute évidence, « les“ismes” »n’est pas employé comme un raccourci de l’expressionmétalinguistique lesmots en -ismemais semble bien être un nom d’objets extralinguistiques. Dans unpremier temps, j’essaierai de démontrer que cet emploi référentieln’en est pas tout à fait un et que le référent est conditionnéénonciativement. Dans un second temps, je m’intéresserai au faitqu’en emploi référentiel (et même métalinguistique) le suffixe-ismea très mauvaise réputation puisqu’il semble toujours être le nomde « mauvaises choses ». J’essaierai d’aborder lesraisons de cette réputation sous un angle morphosémantique.