LingLunch : Y. D. Colmenares & D.Heap

Jeudi 10 Décembre 2020, 12:00 to 13:00
Organisation: 
Philip Miller (LLF)
Lieu: 

En visio

Yarubi Diaz Colmenares and David Heap (U of Western Ontario)
Français inclusif : Une approximation aux accords variables sur Twitter

La poursuite d'une représentation linguistique plus équitable des femmes, et plus récemment de la diversité des genres non-binaires, implique un défi particulier pour les langues avec un genre grammaticalement marqué, comme le français (Dister et Moreau 2009; Viennot, 2015;). Le français inclusif propose une variété d’alternatives graphiques au masculin générique traditionnel telles que des doublets complets ou abrégés; l’emploi de majuscules de féminisation ou des suffixes innovateurs, entre autres (Abbou, 2017; Alpheratz, 2018; Burnett & Pozniak). En même temps, le choix entre ces alternatives et leurs combinaisons comporte des répercussions directes dans le système de concordance du français. Ainsi, le français inclusif peut se déployer au long d'une phrase à partir de la concordance soit au moyen d’un même procédé graphique (accords uniformes: 1, 2) soit au moyen des procédés variés (accords mixtes: 3, 4), ce qui est particulièrement visible sur Twitter:

  1. Manif d'appui aux étudiant-e-s québécois-e-s demain 14 juin devant l'ambassade du Canada et la Délégation du Québec à Mexico! (Canada)
  2. Un(e) bon(ne) président(e) se forme dès la jeunesse.  (République Dém. du Congo)
  3. A tous mesadelphes, vous êtes belleaux, vous êtes courageux etforts!(France).
  4. Ce n'est pas parce que quelqu'un·eestgros·sequ'iel estparesseuxe.(France).

Notre étude cible la variation des combinaisons dans le système de concordance du français inclusif. Pour ce faire, nous avons recueilli et analysé un corpus de 5.104 tweets provenant de sept villes francophones en mai 2020 : Alger, Bruxelles, Genève, Luxembourg, Montréal, Kinshasa, Paris et Youandé.

La fréquence d'occurrences nous suggère qu'un ensemble de systèmes optionnels de concordance se chevauchent, chacun d'entre eux comme une alternative à l'utilisation traditionnelle du masculin générique. Au lieu de considérer ces combinaisons comme des “erreurs” de concordance, nos conclusions proposent cette mixité d’accords comme un trait caractéristique du français inclusif.