Ancien doctorant
Statut : Doctorant
Adresse :
CLILLAC-ARP – EA 3967 Bureau: 825
LLF, CNRS – UMR 7110
Université Paris Diderot-Paris 7
Case 7031 – 5, rue Thomas Mann,
75205 Paris cedex 13
Titre : Anaphors in Discourse: Anaphoric Subjects in Brazilian Portuguese
Date de soutenance : 2017-12-15
Inscription : 2014 à Paris 7 Diderot
Jury :
Résumé :
La présente thèse porte sur l’utilisation et l’interprétation des sujets nuls et pronominaux en portugais brésilien. Son objectif est de comprendre les facteurs sémantiques et discursifs qui peuvent être pertinents pour le choix entre ces expressions anaphoriques et la façon dont ce choix s’articule avec la théorie générale de la résolution de l’anaphore. Le point de départ a été la recherche sur les sujets nuls et réalisés sous la perspective de la grammaire générative, en particulier la théorie paramétrique. Cette thèse démontre que l’analyse proposée dans cette perspective ne peut rendre compte des données observées. Par exemple, la généralisation sur la « pauvreté » de la morphologie verbale directement liée à l’absence, ou à la fréquence réduite, de sujets nuls est contestée avec les données expérimentales ainsi qu’avec la distribution de la fréquence relative des sujets nuls au sein des personnes discursives dans le corpus. Une explication alternative présentée dans la littérature, à savoir l’importance des caractéristiques sémantiques des antécédents – l’Animacité et le Specificité – semble mieux expliquer la distribution constatée. Cette explication n’est cependant pas suffisante pour comprendre le choix des sujets anaphoriques en brésilien, puisque le nombre relatif de sujets nuls animés et spécifiques est relativement plus élevé que dans les langues à expression obligatoire des sujets. Par conséquent, cette thèse soutient que les facteurs discursifs semblent jouer un rôle crucial dans l’utilisation des sujets nuls et réalisés en brésilien. Les principaux facteurs identifiés ici sont le statut évident de l’antécédent et le caractère contrastif de l’information d’arrière-plan et l’information nouvelle. Le premier est un facteur standard dans la littérature sur la résolution de l’anaphore (exprimé par différents termes comme l’accessibilité, la familiarité, etc.), qui permet l’hypothèse d’une relation inverse entre le degré de saillance de l’antécédent et degré explicitation nécessaire dans l’expression anaphorique : plus l’antécédent est saillant, moins l’anaphore doit être explicite. Le second facteur, le contraste, constitue la principale contribution nouvelle de cette thèse : Comme pour d’autres niveaux d’analyse linguistique et d’autres phénomènes dans le langage, le choix de l’expression anaphorique semble être orienté vers l’efficacité. Plus précisément, lorsque l’information d’arrière-plan (« background ») et l’information assertée (focalisée) dans un énoncé contrastent, il est plus probable qu’un sujet nul soit utilisé. Les caractéristiques d’une grammaire permettant de traiter ces diverses caractéristiques est esquissée : on propose une grammaire à plusieurs niveaux dont les contraintes sémantiques et discursives agissent en parallèle à travers un principe de correspondance probabiliste. Il est ainsi démontré que les sujets nuls sont probables dans certains contextes de co-référence discursifs, puisque dans ces contextes, leurs antécédents sont plus évidents et contrastent plus avec l’information d’arrière-plan. Une contre-preuve apparente à la proposition esquissée ici est analysée : l’interprétation générique des sujets nuls. Cependant, on montre que les mêmes contraintes sémantiques appliquées à d’autres constructions génériques dans plusieurs langues peuvent produire des sujets nuls génériques en brésilien, étant donné l’échec de la mise en arrière-plan prédite par l’approche proposée ici. Enfin, les résultats de trois expériences de mouvements oculaires en lecture, qui étudient l’utilisation et l’interprétation des sujets nuls et pronominaux, sont présentés. Ces résultats corroborent de façon convaincante l’hypothèse selon laquelle les sujets nuls et réalisés ainsi que leur interprétation peuvent être expliqués par la théorie proposée ici, qui les traite en termes de contraintes d’interprétation plutôt qu’en termes de légitimation syntaxique.