Béatrice Pahontu

Docteurs récents

Statut : Doctorante

Adresse :

LLF, CNRS – UMR 7110
Université Paris Diderot-Paris 7
Case 7031 – 5, rue Thomas Mann,
75205 Paris cedex 13

E-mail : orngevpr.cnubagh@lnubb.pbz

Thèse

Titre : La dynamique des périphrases dans une perspective romane : Périphrases progressives/proximatives et avertivité en roumain

Directeur :
  Patrick Caudal

Date de soutenance : 2024-06-17

Inscription : 2019 à Paris Cité

Jury :

  • Bridget COPLEY, Directrice de Recherche - HDR CNRS et Université Paris 8, Rapportrice
  • Peter PETRÉ, Professeur, Université d’Anvers, Rapporteur
  • Elena SOARE, Professeure des universités - HDR, Université Paris 8, Examinatrice
  • Rodica ZAFIU, Professeure des universités émérite, Université de Bucarest et Académie Roumaine, Examinatrice
  • Gabriela BÎLBÎIE, Maîtresse de conférence, Université de Bucarest et LLF, Membre invité
  • Olivier BONAMI, Professeur des universités - HDR, Université Paris Cité, CNRS et LLF, Membre invité
  • Patrick CAUDAL, Directeur de Recherche - HDR CNRS et LLF, Directeur de thèse
  • Dan DOBRE, Professeur des universités émérite, Université de Bucarest, Directeur de thèse

Résumé :

Le but de cette thèse est de documenter une catégorie grammaticale relativement peu étudiée à travers les langues, à savoir l’avertivité. Elle se concentre sur l’étude des événements contrefactuels en roumain, car la non-réalisation des événements reste moins étudiée dans cette langue comparée aux autres langues romanes. En particulier, ce travail explore les appariements forme/sens de la périphrase a fi pe cale ‘être en voie de’ à travers une approche intégrative, qui inclut la perspective diachronique et synchronique, le travail sur corpus et l’appel à l’expérimentation, ainsi qu’une  perspective comparative (romane).

Dans un premier temps, je reprends les critères proposés dans la littérature pour l’identification d’une périphrase à l’interface morphologie-syntaxe et je les applique aux différentes formes analytiques du roumain (le passé composé, le futur et les périphrases aspectuelles), pour montrer l’hétérogénéité de leur structure syntaxique. En particulier, j’observe que les périphrases aspectuelles ont un comportement syntaxique différent des autres formes analytiques et je propose qu’elles soient analysées à l’interface avec la sémantique. En adoptant une approche constructionnelle, j’explore comment les facteurs contextuels influencent l’emploi de la construction a fi pe cale au fil du temps. Pour cela, je mène une étude quantitative qui repose sur une grille d’annotation riche, comportant des paramètres morpho-syntaxiques et sémantiques.

La perspective diachronique est consacrée à l’évolution des marques TAM de la périphrase mentionnée ci-dessus, sur la base des corpus allant du XVIe au XXe siècle (corpus de textes de l’Académie Roumaine) jusqu’au XXIe siècle (roTenTen16). L’étude menée apporte des arguments pour retracer le développement de l'avertif à partir du proximatif. Premièrement, je montre que les usages proximatifs de la périphrase remontent à la première moitié du XIXe siècle, tandis que les usages avertifs datent de la seconde moitié du XIXe siècle. Deuxièmement, je mets en évidence que le changement sémantique survenu du XXe au XXIe siècle, avec une productivité croissante des emplois avertifs au détriment des emplois proximatifs, est corrélé avec l’augmentation de la fréquence des temps passés. Dans cette recherche, j'utilise des concepts issus de la théorie de la grammaticalisation et des Grammaires de Construction. Je démontre que l’emploi avertif de a fi pe cale est le résultat d’un processus d’enrichissement sémantique, impliquant la conventionnalisation de l’implicature contrefactuelle. L’analyse saisit sa dynamique dans l’étape post-constructionnelle, tout en examinant sa manifestation dans l'esprit de l'utilisateur de la langue.

La perspective synchronique se concentre sur les emplois proximatif et avertif de a fi pe cale en roumain contemporain, pour montrer que l’emploi avertif est conventionnel. A l’étude de corpus s’ajoutent les résultats de deux études expérimentales qui soutiennent cette interprétation avertive de a fi pe cale à la fois avec un marquage perfectif et imperfectif et avec des verbes téliques (accomplissements et achèvements). Ils soutiennent également la préférence de l’avertivité pour la polarité négative du verbe.

Enfin, dans une perspective comparative, sont abordées des questions liées au comportement de différentes constructions aspectuelles de sens et de forme comparables dans les langues romanes. Les résultats obtenus à travers cette étude sur l’avertif en roumain permettent de proposer des analyses contrastives sur la relation de l’avertivité avec le point de vue aspectuel (perfectif vs. imperfectif), la nature pragmatique ou sémantique du sens avertif, ainsi que sur son développement diachronique et son Aktionsart.