Soutenance de thèse : Jana Strnadová

Lundi 22 Septembre 2014, 14:00 to 19:00
Lieu: 

Faculté des Lettres de l’Université Charles de Prague

Jana Strnadová
Les réseaux adjectivaux. Sur la grammaire des adjectifs dénominaux en français

Composition du jury

  • Georgette Dal, STL, Université Lille 3
  • Tomáš Duběda, Université Charles de Prague
  • Bernard Fradin, LLF, CNRS (directeur)
  • Fiammetta Namer, ATILF, Université de Lorraine (rapporteur)
  • Jan Radimský, Université de Bohême du Sud (rapporteur)
  • Pavel Štichauer, Université Charles de Prague (directeur)

Résumé

La présente thèse est consacrée à l’étude de la dérivation par suffixation d’adjectifs à partir de noms en français. Nous nous appuyons sur un lexique d’environ 15 000 adjectifs, dont 40% peuvent être considérés comme dénominaux.

Dans un premier temps, nous présentons les données étudiées. Nous décrivons la constitution de la base de données Dénom, constituée à partir de données issues de corpus et de lexiques à large couverture. Afin de situer la place des dénominaux au sein du système des adjectifs, nous élaborons un inventaire des adjectifs du français en fonction de leurs caractéristiques morphologiques. Ce faisant, nous identifions des difficultés concernant la délimitation des frontières de la classe des adjectifs dénominaux et sa cohésion sémantique et distributionnelle. Nous passons en revue les différents types d’écart de forme ou de sens entre base et dérivé.

Dans un deuxième temps, nous présentons l’étude des aspects formels et sémantiques d’un sous-ensemble d’adjectifs dénominaux entretenant des relations morpholo- giques régulières avec leur base. Ce sous-ensemble a été sélectionné en se basant sur la fréquence de type des patrons d’alternance formelle entre base et dérivé. Nous décrivons les propriétés phonologiques et morphologiques des noms bases afin de déterminer les facteurs qui jouent un rôle dans la construction des adjectifs. Ceci nous donne l’occasion d’observer l’existence de niches morphologiques, c’est-à-dire de cas où le suffixe de la base attire un suffixe adjectival particulier. La suffixation multiple est rare en dehors de ces niches. Nous montrons en outre comment un adjectif peut simultanément entretenir une relation dérivationnelle avec plusieurs membres de sa famille morphologique.

Ces observations nous amènent dans un troisième temps à abandonner la conception binaire et strictement orientée de la dérivation reposant sur l’association à chaque adjectif dénominal d’une et une seule base. Nous proposons une analyse en termes de patrons cumulatifs enregistrant les régularités reliant des ensembles de lexèmes de taille quelconque. Nous montrons comment les adjectifs s’intègrent dans des réseaux à plus de deux éléments. À un niveau plus abstrait, nous observons que ces patrons s’appuient sur certaines relations sémantiques récurrentes. Les patrons morphologiques instancient donc des patrons lexicaux plus généraux qui font abstraction des détails des relations formelles entre les lexèmes reliés. L’image de la construction de lexèmes qui se dégage de ce travail est donc celle d’une mise en réseau non orientée à plusieurs niveaux de généralité.