10e journée des doctorants

Jeudi 05 Octobre 2017, 08:30 to 17:30
Organisation: 
Damien Fleury, Ingrid Konrad, Céline Pozniak et Olga Seminck
Lieu: 

ODG – Salle du conseil (533)

8:30-9:00 Accueil

Session 1 : Talks

9:00-9:30 Monika Chwalczuk
Multimodalité des interactions exolingues : de la réflexion théorique à la construction du corpus
9:30-10:00 Anisia Popescu
Jugement sur le nombre de syllabes et l'organisation temporelle des gestes articulatoires
10:00-10:30 Chiara Mazzocconi
Laughter in Dialogue

10:30-11:00 Pause café

Session 2 : Talks

11:00-11:30 Aixiu An
A probabilistic model of order preference of binominals in French
11:30-12:00 Jiaying Huang
Production of relative clauses in Cantonese
12:00-12:30 Charlotte Hauser
Les strategies de relativisation en LSF

12:30-14:30 Déjeuner

Session 3 : Talks

14:30-15:00 Ingrid Konrad
L'acquisition d'une construction romane ambiguë - étude comparative entre le français et le portugais
15:00-15:30 Maud Pelissier
Effets d’entraînements sur l’interaction prosodie-syntaxe en L2
15:30-16:00 Chisa Aoyoma
Acquisition du temps passé en FLE L3 chez des apprenants japonais

Session 4 : Posters

Sacha Beniamine
Un algorithme universel pour l’abstraction automatique d’alternances morphophonologiques
Maximin Coavoux
Multilingual Lexicalized Constituency Parsing with Word-Level Auxiliary Tasks
Rémi Godement-Berline
La focalisation prosodique dans la parole interprétée en français
Olga Seminck
A Computational Model of Human Preferences for Pronoun Resolution
Céline Pozniak
It’s all about the head : implicit causality effects on subject and object RCs

Multimodalité des interactions exolingues : de la réflexion théorique à la construction du corpus

Monika Chwalczuk (CLILLAC ARP)

Qui interprète l’étranger, interprète également sa culture maternelle. Le métier d’interprète-médiateur est le révélateur non seulement des défis liés au passage d’une langue à une autre, mais aussi de ceux liés à la prise en compte des variables culturelles et du comportement physique du migrant. Dans cette situation communicationnelle subtile et particulière, il est indispensable de veiller à restituer les signes extralinguistiques émis par les locuteurs tout autant que le contenu verbal du message. Le message source de l’interprété est constitué de signes de natures différentes véhiculés par plusieurs canaux. C’est pourquoi, afin de retransmettre l’intégralité du message, l’interprète-médiateur est tenu de produire ses énoncés en prenant en compte modalités verbales et non verbales de la communication. Contrairement à ce qui se passe lors des événements d’interprétation de conférence, surtout celle pratiquée en mode simultané, le corps de l’interprète-médiateur, en milieu social et médical, est là, physiquement présent, et participe à la co-construction de l’échange en assurant l’accès au sens des signes non verbaux.

Notre étude se propose d’examiner les modalités de prise en compte, de référenciation et de reproduction des gestes de l’interprété et d’étudier comment se négocie l’espace interculturel de la gestualité par l’interprète-médiateur dans le cadre de sa pratique en milieu social et médical.

Cette conférence nous permettra de partager les fruits de notre première année de recherche doctorale, axée autour de la partie théorique examinant les caractéristiques et le rôle des productions gestuelles au sein de la communication. Dans le deuxième temps, la communication se focalisera sur les problèmes méthodologiques rencontrés et envisageables lors de la conception du corpus authentique des interactions interprétées en milieu social et médical. Notre corpus sera constitué des questionnaires écrits adressés aux interprètes, des enregistrements audio, et des vidéos d’événements d’interprétation in vivo.

Nous formulons le vœu que notre recherche contribuera, même modestement, à l’ouverture d’une nouvelle piste de réflexion sur la multimodalité de la communication exolingue, qui est aujourd’hui un sujet d’actualité.

Mots clés : corpus multimodal, communication exolingue, gestualité, non verbal, interprétation-médiation

Jugement sur le nombre de syllabes et l'organisation temporelle des gestes articulatoires

Anisia Popescu (CLILLAC ARP)

L'étude que je vais présenter porte sur la question de l’émergence de la syllabe en tant qu’unité d’organisation de la parole. Il existe en Anglais une classe de mots consistant d’une attaque simple + voyelle tendue + coda liquide, pour laquelle les locuteurs ont des intuitions variables par rapport au nombre de syllabes. Cette variation de jugements a été attribuée aux différences d’organisation structurelle sous-syllabique. Tilsen & Cohn (2016) ont montré qu’il y a une relation entre le jugement concernant le nombre de syllabes et la durée des rimes liquides. Je présenterai les résultats d'une réplication et extension de l’expérience de Tilsen & Cohn (2016) qui prend en compte les résultats d'autres études expérimentales par Marin & Pouplier (2010, 2014), montrant le comportement divergent des liquides en coda.

Laughter in Dialogue

Chiara Mazzocconi (LLF)

Research shows that rather than being a trivial vocalization, laughter is actually a complex behaviour both from an emotional, social-cognitive and linguistic perspective. The aims of my current project are [1] to elaborate a reliable taxonomy semantically and pragmatically grounded [2] to integrate laughter into formal framework for dialogue analysis; [3] to deepen the understanding of laughter development in children, in its functions and context of occurrence and [4] to explore whether, considering the sophisticated pragmatic competences involved, laughter could be an early diagnostic tool to detect neuro-psychlogical atypicality in infants and informative about cognitive processes in clinical populations, especially Autism. I will present the current state of my research, the results obtained in the last two years and the next steps I’m planning to take.

L'acquisition d'une construction romane ambiguë - étude comparative entre le français et le portugais

Ingrid Konrad (LLF)

Cette étude porte sur l'acquisition des propositions introduites par 'ce que' en français, et par 'o que' en portugais. Ces structures ambiguës peuvent être soit des relatives soit des interrogatives indirectes, tout comme les propositions introduites par 'what' en anglais. Au vu de leurs propriétés syntaxiques, je suppose que 'ce que' et 'o que' ont tous les deux subi un processus de grammaticalisation, à des stades plus ou moins avancés. J’assume que, dans la grammaire adulte, 'ce que' et 'o que' sont analysés comme de nouveaux éléments wh-, à la différence que le premier est faible et le deuxième est fort. La façon dont les enfants traitent ce double usage n'a pas été étudiée auparavant, ni dans le cas de 'ce que' en français ni dans le cas de 'o que' en portugais. J'ai testé cela pour la première fois en mettant en place un test de répétition parallèle dans les deux langues, avec des enfants monolingues âgés entre 3;0 et 6;0 ans. Je présenterai les résultats de ces deux expériences.

Production of relative clauses in Cantonese

Jiaying Huang (LLF)

Cantonese is a language simultaneously with SVO canonical word order and prenominal relative clauses, which made it a very good object to observe if there is subject-object asymmetry in relativization. Previous study put forward various analyses for RCs processing, different analyses have different predictions in Cantonese RCs. Previous experimental studies about Cantonese relatives concentrated language acquisition and comprehension. This presentation is going to report a preliminary study about relative clauses production in Cantonese, including an elicited production and a study of spontaneous data.

Les strategies de relativisation en LSF

Charlotte Hauser (LLF)

En 1977, Thompson déclare dans son article à propos de la langue des signes américaine (ASL) que cette dernière ne possède pas de structure permettant d’exprimer la subordination. S’ensuivent alors de nombreuses recherches sur les langues signées (ASL, LIS, DGS, LSC ) qui ont permis de mettre en lumière l’existence de subordination via, notamment, les propositions relatives. Malgré ces découvertes, la capacité des langues signées à enchâsser des propositions au lieu de les coordonner reste un sujet disputé. Dans cette présentation, je me propose de faire la lumière sur les stratégies de relativisation en Langue des Signes Française, l’une des plus anciennes langues signées d’Europe. Grâce à l’étude des propositions relatives, je montrerai que les données issues de la LSF s’intègrent parfaitement dans un cadre typologique et permettent même d’en étendre certaines catégories. Je démontrerai que, bien que ne présentant pas de complémenteur explicite, la LSF peut enchâsser des propositions les unes dans les autres, témoignant de sa capacité de récursivité.

A probabilistic model of order preference of binominals in French

Aixiu An (LLF)

Word order of binominals in French (e.g. les frères et sœurs, la faune et flore) is neither fixed as idoms nor totally flexible as other coordinations. Many linguistic constraints are proposed for binominals in English (e.g., Malkiel 1959, Cooper and Ross 1975, Benor and Levy 2006…). Using corpora frWac, we extract all the binominals in the forme of Det N et N (96 612 types /371 000 tokens). We annotate 6 linguistic constraints automatically and 3 constraints manually and develop a probabilistic model which predict correctly 80% of binominals’ word order. And we add relative frequency of each occurrence to the model, which improve the model’s accuracy to 87.60%. We conclude that not only linguistics constraints, but also frequency has an effect on the order preference of binominals.

Effets d’entraînements sur l’interaction prosodie-syntaxe en L2

Maud Pélissier (CLILLAC ARP)

Plusieurs études ont montré que les locuteurs d’une langue utilisent les frontières prosodiques pour prédire en temps réel, de manière automatique et inconsciente, la structure syntaxique d’une phrase entendue (ex. Steinhauer, Alter, and Friederici 1999). Cette capacité s’étend aux apprenants avancés d’une L2 (Nickels, Opitz, & Steinhauer, 2013). L’étude présentée a plusieurs objectifs :

  1. Vérifier que les frontières prosodiques sont bien perçues par des apprenants d’un niveau intermédiaire
  2. Tenter d’entraîner les apprenants à mieux faire le lien entre prosodie et structure syntaxique afin d’optimiser leur traitement de la L2 en temps réel
  3. Comparer l’effet de deux types d’entraînements à cet effet : un entraînement explicite basé sur des explications métalinguistiques, et un entraînement implicite ayant recours à des mélodies issues de la parole.

Des résultats comportementaux et en potentiels évoqués seront présentés.

  • Nickels, S., Opitz, B., & Steinhauer, K. (2013). ERPs show that classroom-instructed late second language learners rely on the same prosodic cues in syntactic parsing as native speakers. Neuroscience Letters, 557, 107–111.http://doi.org/10.1016/j.neulet.2013.10.019
  • Steinhauer, K., Alter, K., & Friederici, A. D. (1999). Brain potentials indicate immediate use of prosodic cues in natural speech processing. Nature Neuroscience, 2(2), 191–6. http://doi.org/10.1038/5757

Acquisition du temps passé en FLE L3 chez des apprenants japonais

Chisa Aoyama (LLF)

Notre travail se propose d'étudier l'acquisition du temps passé du français L3 par des apprenants japonais. Le français constitue la langue cible (L3) et le japonais est la langue maternelle (L1) pour nos apprenants. Le français étudié à l’université japonaise est, dans la plupart des cas, acquis après au moins une langue étrangère, à savoir l’anglais (L2). Comment les apprenants japonais acquièrent-ils du temps passé du français ? Comment construisent-ils ce nouveau système ? Quel est le rôle joué par les langues déjà acquises (anglais L2, japonais L1) dans le processus d’acquisition du temps passé du français (L3) chez les apprenants japonais ? Selon Hammarberg (2006), un niveau d’activation des langues déjà acquises chez les apprenants en L3 sur l’acquisition d’une langue étrangère dépend de plusieurs facteurs : niveau de compétence, actualité (c’est-à-dire si le locuteur a employé la langue récemment), etc. Cet auteur indique que des langues ont tendance à être désactivées quand elles sont peu utilisées ou lorsqu’une autre langue est activée. Le français et l’anglais sont deux langues indo-européennes qui partagent des caractéristiques structurales. Nous pouvons donc imaginer que l’apprenant japonais ne peut pas s’appuyer sur sa L1 (japonais), qu’il juge typologiquement trop éloignée du français L3. L’anglais L2 jouera un rôle facilitateur dans son acquisition du français L3. Ainsi nous tentons plus particulièrement de déterminer d'abord si l’influence des connaissances grammaticales de la langue déjà acquise, à savoir l’anglais L2, entraîne des facilitations ou des difficultés spécifiques dans la distinction entre le passé composé et l’imparfait du français chez les apprenants japonais, puis ensuite si l’influence de la conceptualisation de la langue maternelle, à savoir le japonais L1, est vérifiée dans l’acquisition du temps passé du français chez les japonophones. Nous présentons des résultats d’un questionnaire linguistique effectué auprès de 117 étudiants japonais du français au Japon, afin de répondre nos questions.

Multilingual Lexicalized Constituency Parsing with Word-Level Auxiliary Tasks

Maximin Coavoux (LLF)

We introduce a multi-lingual constituency parser based on a bi-LSTM encoder adapted from recent work (Cross and Huang, 2016b; Kiperwasser and Goldberg, 2016).

The parser incorporates a lower level character bi-LSTM (Ballesteros et al., 2015; Plank et al., 2016).

We model two important interfaces of constituency parsing with auxiliary tasks supervised at the word level: (i) morphological analysis, (ii) functional label prediction.

The parser obtained state-of-the-art results on the SPMRL dataset (Arabic, Basque, French, German, Hebrew, Hungarian, Korean, Swedish, Polish), without requiring predicted POS tags or morphological tags.

It is able to output both constituency trees and labelled dependency trees.

The parser is freely available for download with pre-trained models for these languages (github.com/mcoavoux/mtg).

Un algorithme universel pour l’abstraction automatique d’alternances morphophonologiques

Sacha Beniamine (LLF)

Ce poster présente un algorithme implémenté pour l’inférence de patrons d’alternances morphophonologiques entre mots-formes. Il est universel au sens où il permet d’obtenir des classifications comparables d’une langue à l’autre sans préjuger des types d’alternances. Les patrons constituent une première étape pour les travaux quantitatifs dans l’approche Mot et Paradigme de la morphologie.

A Computational Model of Human Preferences for Pronoun Resolution

Olga Seminck (LLF)

We present a cognitive computational model of pronoun resolution that reproduces the human interpretation preferences of the Subject Assignment Strategy and the Parallel Function Strategy. Our model relies on a probabilistic pronoun resolution system trained on corpus data. Factors in uencing pronoun resolution are represented as features weighted by their relative importance. The importance the model gives to the preferences is in line with psycholinguistic studies. We demonstrate the cognitive plausibility of the model by running it on experimental items and simulating antecedent choice and reading times of human participants. Our model can be used as a new means to study pronoun resolution, because it captures the interaction of preferences.

La focalisation prosodique dans la parole interprétée en français

Rémi Godement-Berline (LLF)

La focalisation prosodique est le soulignement d’un constituant au moyen de l’accentuation, de l’intonation, du phrasé ou des variations de registre et de tempo. Elle a pour fonction le marquage des différents types de focus (informationnel étroit ou large, contrastif, associatif et verum), ainsi que des fonctions emphatiques (insistance et expressivité). Ma thèse s’intéresse au phénomène de focalisation dans un style de parole peu étudié, la parole interprétée, c’est-à-dire l’oralisation d’un texte écrit mémorisé au préalable par le locuteur (typiquement un comédien). Deux questions de recherche sont posées. Premièrement, la focalisation est-elle plus fréquente en parole interprétée, et présente-t-elle une ou plusieurs réalisations prosodiques spécifiques dans ce style de parole ? Deuxièmement, les différentes fonctions attribuées à la focalisation ont-elles des réalisations prosodiques distinctes ? Pour répondre à ces questions, deux expériences ont été menées. Dans une expérience de production inspirée du protocole RepTask (Laurens, Marandin, Patin et Yoo 2011), deux extraits de parole spontanée ont été reproduits par des locuteurs en parole lue et en parole interprétée. Les occurrences de focalisation ont été annotées et classifiées fonctionnellement par un groupe de dix experts, puis elles ont été analysées prosodiquement. Une expérience de perception a consisté quant à elle à présenter à trente sujets des énoncés contenant une focalisation extraits du corpus de production et précédés de leur contexte d’occurrence. Quatre réalisations de chaque énoncé ont été obtenues par resynthèse prosodique, et les sujets ont eu pour tâche de porter des jugements d’acceptabilité sur chaque réalisation. Les résultats soutiennent en partie l’hypothèse d’un comportement spécifique de la focalisation en parole interprétée, ainsi que l’hypothèse d’un marquage prosodique distinct de ses différentes fonctions présumées. Ils soulèvent par ailleurs d’intéressantes questions théoriques et méthodologiques.

It’s all about the head : implicit causality effects on subject and object RCs

Céline Pozniak (LLF)

Subject relative clauses (SRCs) are easier to process than object relative clauses (ORCs) in most languages, among those in French (e.g Frauenfelder et al, 1980; Holmes & O’Regan, 1981) and English. Research focused mainly on syntactic factors like structural or linear distance (Hsiao & Gibson, 2003 ; Gibson & Wu, 2013) or on semantics factors like animate/inanimate heads (Frauenfelder et al., 1980 ; Mak et al., 2006 ; Gennari et al., 2012). We decided to look at the effect of implicit causality on subject and object relative clause processing in French and in English. We ran acceptability judgment experiments in both languages. Our conclusion is that verb bias can explain some of the ORC disadvantage.