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Auphélie Ferreira (Lattice, P3)
L’alternance [CV. qu- CV.] [CV. Ø CV.] avec les verbes "croire" et "penser"
Il s’agira lors de cette présentation de proposer une approche d’un fait de variation morphosyntaxique en langue française : l’alternance [CV.qu-CV.] [CV.ØCV.] avec les verbes croire et penser, illustrée en (1) et (2).
(1) je crois que le fossé s’agrandit [CFPP,18_01]
(2) je crois c'était le quatorzième hein [MPF,Nacer8]
Dans ces exemples, le verbe croire est rattaché à une construction verbale ; celle-ci est introduite par l’élément qu- en (1), ce qui n’est pas le cas en (2) où les verbes se succèdent directement. Nous parlerons dans un premier temps de « variante syntaxique » pour la réalisation [CV.ØCV.]. Considérée comme « non existante » par Blanche-Benveniste et Willems (2007), cette variante a été signalée par Andersen (2007), Avanzi (2012) ou Gachet (2015) mais n’a fait l’objet d’aucune analyse systématique. Afin d’en présenter une première description, nous avons travaillé sur des données issues de corpus de français parlé rassemblés dans le CEFC et le MPF (5 millions de mots environ). Un premier relevé nous a permis de mettre au jour de nombreuses occurrences de [CV.ØCV.]. Ainsi l’exemple (3) :
(3) il croit trop c'est lui le boss en fait [MPF_Joanne11]
Nous proposerons tout d’abord une première description syntaxique des constructions telles que (3) et montrerons qu’elles présentent des propriétés différentes de celles relevées pour (2) dans les études antérieures. Notre analyse s’appuie sur le cadre de la macro-syntaxe (Blanche-Benveniste et alii., 1990, Debaisieux, 2013) qui permet de traiter des relations de rection et de structures non directement descriptibles en termes de dépendance grammaticale. Puis, nous chercherons à saisir ses usages en termes de variation communicationnelle (Guérin, 2017).