Responsable : Berthold Crysmann
Participants : Olivier Bonami, Patrick Caudal, Alain Kihm.
Cette opération vise à étudier la typologie des systèmes morphologiques sur la base d'un large spectre de langues dans une perpective formelle.
L'objectif est d'explorer comment Information Based Morphology (Crysmann and Bonami 2016), un modèle réalisationnel de la flexion qui donne une place centrale à la sous-spécification et à l'héritage de propriétés, peut être déployé pour rendre comprte de la diversité typologique des systèmes flexionnels dans toute son étendue multidimensionnelle. Une caractéristique importante de ce cadre est en effet que la topologie des hiérarchies d'héritage explicite de manière transparente les patrons typologiques qui caractérisent une grammaire.
Nous exlorerons en particulier les situations d'exponence cumulative, étendue et chevauchante de manière à expliciter l'interaction entre l'allomorphie et les situations d'éxponence multiple irréductible. Les langues étudiées inclueront le murrinh-patha, qui combine de manière remarquable une variation allomorphique des pré-verbes et un marquage séparé du nombre (Nordlinger, 2010), et la batsbi, qui implémente des cas extrème d'exponence multiple morphotactiquement conditionnée (Harris, 2009). Un objectif central est de situer la frontière entre combinaisons d'exposants indépendants et marques flexionnelles amalgamées, ce qui ne peut raisonnablement être fait que sur une base empirique typologiquement diversifiée.
Les situations de cumulation et d'exponence multiple optionnelles donnent également lieu à des cas de surabondance, comme par exemple en adyghe (Arkadiev 2014) et en maay (Paster 2010). En adyghe, des marqueurs fusionnels optionnels du nombre et du cas coexistent avec des marqueurs agglutinants avec lesquels ils peuvent se combiner, donnant lieu à une situation d'exponence chevauchante optionnelle. Cette situation est problématique pour tous les modèles formels contemporains de la flexion, qui implémentent, sous une forme ou sous un autre, une version de l'Elsewhere Condition. Nous étudierons ces systèmes et les situerons dans une typologie formelle générale de la surabondance.
Les questions de l'interface de la morphologie flexionnelle avec le lexique, la syntaxe et la sémanrique sont également au centre de l'attention de cette opération. À l'interface avec le lexique (et la morphologie constructionnelle), nous étudierons les systèmes d'allomorphie radicale et l'intégration entre morphologie flexionnelle à proprement parler et opérations sur la valence (causatifs, passifs, applicatifs, etc.). À l'interface avec la syntaxe et la sémantique, nous nous intéresserons à la déponence, la polyfonctionalité, le syncrétisme, et les distributions morphomiques. L'intégration d'Information-based Morphology au cadre grammatical général d'HPSG permet de modéliser directement ces phénomènes à l'interface avec la syntaxe, plutôt que de les voir comme relevant d'une couche d'analyse interne à la morphologie.