Langues minorées de France

Responsable : H. Burnett
Participants : H. Burnett, P. Caudal, C. Donati, Post doc
Doctorants: C. Hauser

Cette opération regroupe des travaux portant sur la description (« grammaticographie ») des langues minorées de France, à savoir :

  • Des parlers minorés d’oïl (Picardie, Normandie) et du croissant (H. Burnett, collaborateurs externes: A. Dagnac (CLLE-ERSS (Toulouse), J. Auger (Indiana), G. Brun-Trigaud (Nice) N. Quint (LLACAN), Mireille Tremblay (Montréal), Hélène Blondeau (Florida)): les variétés à documenter sont parlées dans le nord (Picardie et Normandie) et le centre (le territoire dit "le croissant") de la France. Grâce à leur proximité géographique et linguistique avec le français, ces dialectes ont été très peu étudiés, même en comparaison avec les variétés d'occitan. Nos recherches porteront dans un premier temps sur la description des structures négatives et interrogatives de ces variétés en France (en collaboration avec Auger, Dagnac, Quint et Brun-Trigaud), et dans un deuxième temps, nous ferons la comparaison avec les dialectes d'Oïl parlés au Canada (en collaboration avec Auger, Blondeau et Tremblay).

  • La langue des signes française (C. Donati, C. Hauser et post-doc recruté en janvier 2017) : En collaboration avec l'Institut Jean Nicod l'action vise à la description de la grammaire de la langue des signes française dans une perspective à la fois descriptive et comparative, allant en parallèle avec des opérations similaires qui sont conduites au sein du projet H2020 SIGN HUB selon les mêmes méthodologies sur la langue des signes italienne (LIS, La langue des signes allemande (DGS), la langue des signes Neerlandaise (NGT), la langue des signes turque (TIlT), la langue des signes israelienne (ISL), la langue des signes catalane (LSC) et la langue des signes espagnole (LES). Le projet s’articule sur deux axes

    • la première description de structures syntaxiques complexes, telles que phrases relatives, interrogatives, role shift, clivées.

    • L’élaboration de tests pour l’évaluation des compétences langagières (lexicales et syntactiques) des sourds de France. Une des particularité des langues des signes étant que leur transmission n’advient que rarement dans les conditions écologiques du rapport parents-enfants (la surdité n’est héritée que dans moins de 5 pour cent des cas), la plus grande partie de sourds n’accèdent à la langue des signes, et au langage tout court, que tard ou très tard. Cet axe vise à enquêter de façon systématique les différences de compétence entre a) signants natifs, b) signants précoces et c) signants tardifs.

  • Des variétés sub-standard de breton (P. Caudal ; collaborateur externe : Jean-Yves Plourin, retraité de l’UBO) : les variétés à documenter sont parlées au centre la frontière linguistique séparant parlers KLT et vannetais, dans entre Gourin et Plouay. Variétés de contact, elles révèlent à la fois les continuités profondes entre les deux aires bretonnantes, ainsi que leurs points de divergence. Dans le même temps, elles sont ultra-minorées du fait de leur position tant géographique et économique que socio-linguistique (milieu rural isolé, démographiquement défavorisé) et de l’histoire récente de la langue bretonne (une diglossie annonçant la mort prochaine des variétés « naturelles »). Tout ceci les rend à la fois très précieuses et très fragiles – et fait de ce travail de terrain une entreprise urgente. L’essentiel du travail effectué portera sur la morphologie verbale de ces variétés – il n’existe pour ainsi dire aucun travail détaillé sur le système verbal d’une variété naturelle du breton considéré dans son intégralité ; tout ou plus quelques références éparses sur une ou deux formes verbales, cf. par ex. (Hewitt 2001).

Méthodologiquement, l’opération s’appuiera sur des méthodes descriptives à la fois conventionnelles (questionnaires, élicitation guidée ou non-guidée), et expérimentales.